La transition énergétique allemande en 5 idées reçues
"Trop chère". "Décidée dans la précipitation". "La transition énergétique allemande, c'est le retour du charbon" : les idées reçues sur la transition énergétique allemande sont légion dans le débat français. Point par point, ce hors-série du mensuel Alternatives Economiques, que nous avons financé, démonte les mythes sur la transition énergétique allemande et montre quelles en sont les spécificités et les dernières évolutions.
"Ces dernières décennies, la France et l’Allemagne se sont rapprochées dans beaucoup de domaines. Nos deux pays sont devenus les partenaires les plus proches et les plus importants en Europe. Pourtant, de chaque côté du Rhin, des mythes et des perceptions surprenantes persistent vis-à-vis du voisin. Et particulièrement dans ce qui touche à la politique énergétique. Il est en effet frappant de voir à quel point les perceptions réciproques sont éloignées de la réalité sur ce point. Cette méconnaissance va même, côté français, jusqu’à mettre les mines de charbon à ciel ouvert de l’est de l’Allemagne, héritage de l’époque communiste, sur le compte de la transition énergétique !
C’est tout l’objet de cette publication que de donner à voir la transition énergétique allemande. Cette dernière serait, à en croire les représentations françaises, mal pensée et coûteuse. Mais alors comment expliquer que la population allemande, dans sa très large majorité, soutienne ce projet depuis des années ? Et comment se fait-il que l’économie allemande, qui affiche en 2016 sa plus forte croissance depuis 2011, puisse se développer avec les coûts soi-disant « exorbitants » de cette politique ?
Au-delà même de la nécessité de démonter les mythes français sur la transition énergétique allemande, cet exercice nous semble nécessaire pour éclairer aussi les débats sur l’énergie dans l’Hexagone. Même en écartant la question des risques du nucléaire et en ignorant la question des coûts du traitement des déchets et du démantèlement des centrales, il reste une question fondamentale qui concerne tous les Français : comment souhaitent-ils que leur argent soit utilisé ? Pour prolonger le fonctionnement du parc nucléaire ou pour développer une structure énergétique durable ?
La somme dont nous parlons ici (55 milliards au bas mot) ne pourra pas être investie deux fois. Il faudra faire un choix. Et EDF étant majoritairement la propriété de l’Etat, ce choix revient aux citoyens. En France, l’exemple allemand est trop souvent utilisé comme un repoussoir. La nécessité est grande d’analyser la politique allemande sur ce sujet qui est à l’origine d’une dynamique d’ampleur internationale, où les investissements dans les énergies renouvelables dépassent désormais largement ceux engagés dans l’énergie nucléaire. Une meilleure compréhension entre nos deux pays sur une question clé comme la politique de l’énergie est aussi une contribution à une meilleure coopération – cruciale – entre deux acteurs majeurs de l’Europe."
Jens Althoff, directeur du bureau de Paris de la Heinrich-Böll-Stiftung.
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Table des matières
- Idée reçue n°1 : "L'Allemagne (nous) pollue avec ses centrales à charbon"
- Idée reçue n°2 : "Sortir du nucléaire, c'est impossible"
- Idée reçue n°3 : "Le 100 % d'énergies renouvelables est une utopie"
- Idée reçue n°4 : "La transition énergétique freine l'économie"
- Idée reçue n°5 : "On ne pourra jamais se déplacer sans pétrole"
- Les communes en première ligne
- Une révolution citoyenne et démocratique
- L'Allemagne face au défi du "zéro-émission"