Les villes, laboratoires de l'innovation

Atlas de l'énergie

Les villes peuvent être le laboratoire des innovations que propose et qu’exige la transition énergétique. Assez grandes pour permettre d’expérimenter des solutions à la bonne échelle, et assez petites, pour qu’un abandon en cas d’échec reste peu coûteux, les villes sont le bon échelon pour tester les solutions avant de les généraliser.

Course aux énergies renouvelables - certains sont arrivés, d'autres ne sont pas partis
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Course aux énergies renouvelables - certains sont arrivés, d'autres ne sont pas partis

Les villes sont désormais des acteurs essentiels dans les efforts d’adaptation et de prévention face au changement climatique. L’Agenda 21, adopté lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, est un appel à agir en faveur du développement durable à tous les niveaux, de l’international au local. De nombreuses villes se sont déjà investies dans cette direction. En 2009, des centaines de municipalités européennes se sont engagées vis-à-vis du Parlement Européen à réduire leurs émissions de CO2 en lançant la Convention des Maires pour le Climat et l’Énergie. L’initiative a entretemps essaimé dans le monde entier, totalisant plus de 7 700 collectivités locales engagées dans la voie de l’action énergétique et climatique. Dans le cadre de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques, près de 1000 représentants locaux ont pris l’engagement de faire de leurs villes des municipalités neutres en carbone d’ici 2050.

Les villes consomment à elles-seules plus des deux tiers de l’énergie mondiale et sont responsables de près de 70 % des émissions de CO2. Contribuant à l’altération climatique, elles en sont parallèlement victimes : inondations, montée du niveau de la mer, glissements de terrain, chaleur et froid extrêmes en sont les conséquences immédiates. Mais elles souffrent également de pénuries d’eau potable, des feux de forêt avoisinants et de la migration de populations rurales cherchant à fuir les répercussions de l’instabilité du climat dans les zones environnantes. Face à ces enjeux, confrontées aux problèmes environnementaux liés à la pollution de l’air, de l’eau et à l’évacuation des déchets, les villes sont en première ligne dans la lutte contre le changement climatique.

Dans le cadre de la transition énergétique européenne, les collectivités locales tentent de réduire l’impact du changement climatique en usant des grands moyens : promotion des énergies renouvelables, exploitation des « big data » et développement des réseaux électriques. La question de savoir à qui appartiennent  ces nouvelles technologies, qui les contrôle et à qui elles bénéficient  reste , au niveau national comme au niveau européen, sans réponse.

Certaines villes apportent toutefois leur réponse. Barcelone, Paris et Gand, redéfinissent l’énergie comme un bien commun : les sources éoliennes et solaires, l’hydroélectricité, la biomasse et la géothermie sont des ressources naturelles et doivent en tant que telles être profitables à la société dans son ensemble et non à un cercle restreint de propriétaires. Le passage d’un économie extractiviste à une économie circulaire permet justement le partage équitable des ressources. En 2017,  Paris, Copenhague et Oxford ont annoncé la prochaine interdiction des voitures à essence et diesel, bien avant l’entrée en vigueur d’une législation nationale. Aux Pays-Bas, des quartiers  se sont décrétés  « sans gaz », avant que le gouvernement ne décide de supprimer progressivement l’utilisation du gaz pour la cuisson et le chauffage.

Les villes vertes européennes

De plus en plus d’administrations locales soutiennent l’essor des projets d’énergie citoyenne, soit en investissant directement dans les coopératives, soit en leur octroyant subventions, expertise juridique et technique, et accès aux infrastructures publiques. Elles ne voient ainsi pas la transition énergétique comme un problème mais au contraire comme une opportunité de développement économique. Elles accède à des ressources financières locales auprès des épargnants et créent de la valeur ajouté qui profite à la communauté régionale et non à une poignée d’actionnaires sans liens avec le territoire. Les villes peuvent également se doter d’instruments de financement tels que les obligations vertes (obligations servant à financer des investissements environnementaux). Les fonds renouvelables permettent quant à eux de financer des projets d’économie d’énergie des différents services ou entreprises de la municipalité. Ces économies d’énergies sont ensuite valorisées et les montants économisés réinvestis dans le fond, ces montants servant ainsi à financer d’autres projets.. Litoměřice, une localité de République tchèque, est l’une des nombreuses municipalités ayant conduit avec succès une telle politique, tout comme la ville de Stuttgart en Allemagne. En janvier 2018, le Parlement européen a officiellement réclamé de la part des Etats membres de l’UE la mise en place de plateformes permanentes de dialogue entre citoyens et autorités locales sur les enjeux énergétiques et climatiques. Il est en effet essentiel que le mouvement déjà à l’œuvre dans de nombreuses villes puisse s’étendre partout en Europe. Grâce à un tel dialogue, les villes pourront apprendre de leurs citoyens et citoyennes, qui, inversement, pourront s’appuyer sur leurs administrations pour faire avancer la transition énergétique à l’échelle locale.