Le modèle français en question

Atlas de la PAC

Le système agricole français a beaucoup évolué ces soixante dernières années, notamment sous l’influence de la PAC. Il est aujourd’hui productif, mais ne couvre pas tous les besoins alimentaires et la pérennité de ses facteurs de production n’est pas assurée.

La baisse de l’emploi agricole, l’agrandissement des exploitations, la motorisation et l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires ont permis une forte augmentation de la production et de la productivité du travail qui caractérise les transformations majeures de l’agriculture française depuis les années 1950. En 60 ans, l’agriculture française a perdu 80 % de ses exploitations et plus de cinq millions d’emplois agricoles. En 2016, il reste 824 000 actifs agricoles dont 143 000 salariés permanents, répartis dans 440 000 exploitations de 63 hectares de moyenne. L’ensemble des actifs permanents et temporaires travaillant sur les exploitations représentent 711 000 équivalents temps plein en 2016 soit 1,6 par exploitation, La baisse du nombre d’exploitations se poursuit, mais le rythme annuel diminue passant de -3 % entre 2000 et 2010 à -1,9 % entre 2010 et 2016. À ce rythme, il devrait rester environ 340 000 exploitations en 2030 avec une surface moyenne de l’ordre de 82 hectares.

L’agriculture utilise 54 % du territoire français, soit 28,7 millions d’hectares, dont 19,1 millions d’hectares cultivés et 9,6 millions d’hectares de pâturages. La surface agricole diminue d’environ 60 000 hectares chaque année, essentiellement du fait de l’extension des habitations et des infrastructures. Avec 13,3 millions d’hectares, les grandes cultures (céréales, colza, tournesol, betteraves…) occupent une surface stable depuis 20 ans, alors que les surfaces fourragères (13,9 millions d’hectares) diminuent de 700 000 hectares depuis 2000 et que les cultures permanentes (990 000 hectares de vignes et vergers) baissent de 150 000 hectares sur la même période. Les exploitations spécialisées en grandes cultures (27 % du total) sont majoritairement situées dans les grandes plaines du centre, du nord et de l’est de la France, les exploitations bovines lait et viande (20 % du total) dans le grand ouest et les zones de montagne. La viticulture (14 % du total) est présente dans de nombreux territoires (Bordeaux, Bourgogne, Loire, Provence…). Les fruits et légumes (7 % du total) se concentrent dans la vallée du Rhône et le sud de la France. Une exploitation sur trois produit sous labels de qualité (dont 36 000 exploitations en agriculture biologique qui couvrent 6,7 % de la surface agricole en 2016).

Le vin et les fruits ne représentent qu’une faible proportion de l’utilisation des terres. Mais leur valeur ajoutée par hectare est beaucoup plus élevée que celle des grandes cultures.

L’agriculture française reste à dominante familiale, mais le travail salarié progresse et représente aujourd’hui le tiers de l’activité totale. Les formes sociétaires, majoritairement familiales, se développent et représentent 36 % des exploitations et 54 % de la surface agricole en 2016. Les femmes représentent 28 % des 560 000 chefs d’exploitations et coexploitants. L’agriculture et les industries agroalimentaires représentent 5,5 % de l’emploi français et 3,5 % de son produit intérieur brut (PIB). La France est le premier producteur agricole européen avec un chiffre d’affaires de 70,7 milliards d’euros en 2016, le second après l’Allemagne pour l’agroalimentaire avec 370 milliards d’euros. La France est le premier producteur européen de céréales (54,2 millions de tonnes en 2016), le second producteur de lait après l’Allemagne avec 24,7 millions de tonnes, le troisième producteur de porcs après l’Allemagne et l’Espagne avec 2,5 millions de tonnes, à égalité avec l’Italie pour le vin avec  45 millions d’hectolitres. La France a exporté 64,1 milliards d’euros de produits agricoles et alimentaires en 2015, et 72 % de ces exportations se font dans l’Union européenne (UE).

Le solde agroalimentaire de la France est positif depuis 1974 et varie entre +6 et +11 milliards d’euros dans les dernières années. Les principaux soldes positifs en 2015 sont les vins et les alcools (+11,4 milliards d’euros), les céréales (+6,3 milliards d’euros), les produits laitiers (+3 milliards d’euros), les animaux vivants (+1,7 milliard d’euros) et le sucre (+1,1 milliard d’euros). Les principaux soldes négatifs en 2015 sont les fruits et légumes (-4,7 milliards d’euros), les poissons et crustacés  (-3 milliards d’euros), le café et le thé (-1,7 milliard d’euros), le tabac (-1,4 milliard d’euros), les viandes et abats  (-1,2 milliard d’euros). Le solde positif repose de plus en plus sur quelques produits à forte valeur ajoutée, et sans les boissons la balance agroalimentaire serait négative. La détérioration du solde de certains produits de base est liée à la baisse de la production nationale (fruits et légumes notamment) et à la concurrence de produits qui ne respectent pas nos normes sociales et environnementales (huiles végétales et viandes de poulet et de porc par exemple).

Les revenus agricoles sont très variables selon les années, les régions et les productions. De graves crises plongent certaines exploitations dans des situations financières critiques. En 2015, année moyenne, le revenu net agricole par travailleur non salarié des exploitations moyennes et grandes était de 26 300 euros en moyenne. Il atteignait 53 300 euros en viticulture, 43 200 euros en maraîchage et 27 400 euros en grandes cultures, mais seulement 18 800 euros en lait et 17 400 euros en porcs. La France a donc une agriculture très productive mais de plus en plus dépendante de l’importation d’intrants (en pétrochimie notamment) et de certains produits agricoles et agroalimentaires.   

En dix ans seulement, un demi-million d’hectares de terres ont changé d’utilisation – au détriment de l’agriculture et de l’environnement