Agriculture biologique : une dynamique à encourager

Atlas de la PAC

La persistance du développement de l’agriculture biologique s’explique par la demande croissante des consommateurs. Pour autant, l’Union européenne ne mise que peu sur ce potentiel économique et écologique.

Contrairement à l’agriculture conventionnelle, l’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides chimiques de synthèse, d’engrais minéraux facilement solubles et d’organismes génétiquement modifiés. L’élevage est quant à lui soumis à une réglementation stricte sur l’aménagement des bâtiments et l’alimentation animale. Les denrées biologiques de l’Union européenne (UE) sont produites conformément à la législation européenne en vigueur. Il existe, en outre, au niveau national, des normes privées d’associations d’agriculture biologique, qui ont souvent des réglementations plus strictes que celles de l’UE. 

La part de la superficie cultivée en agriculture biologique par rapport à la surface agricole totale est de 2,7 % en Europe et de 6,7 % dans l’UE. Les parts les plus élevées au sein de l’UE se trouvent en Autriche (21,9 %), en Estonie (18,9 %) et en Suède (18,0 %). Les pays ayant les superficies biologiques les plus importantes en valeur absolue sont l’Espagne (2 millions d’hectares), l’Italie (1,8 million d’hectares) et la France (1,5 million d’hectares). L’Italie, la France et l’Allemagne sont les pays où la superficie consacrée à l’agriculture biologique a le plus augmenté en 2016 par rapport à 2015 (Italie : + 303 071 d’hectares, France : + 215 845 d’hectares, Allemagne : + 162 482 d’hectares). 

L’évolution positive de l’agriculture biologique dans l’UE est due à la forte demande des consommateurs et aux mesures de soutien des politiques publiques. Entre 2000 et 2016, la consommation d’aliments biologiques par habitant dans l’UE a presque quadruplé, pour atteindre 60,5 euros par habitant en 2016, le marché biologique, lui, ayant progressé en moyenne dans l’UE de 5 à 19 % par an au cours de cette même période. En Allemagne, qui est le deuxième marché du monde, les produits bio représentaient 10 milliards d’euros en 2017, ce qui correspond à une part de marché de plus de 5 %. Le Danemark a le taux le plus élevé au monde, avec plus de 10 % de produits biologiques. 

Des pays aussi différents que l’Autriche, la République tchèque et l’Italie font partie des leaders de la bio en Europe

Les fermes biologiques sont spécifiquement soutenues par l’UE et les États membres grâce à des aides provenant des programmes de soutien du deuxième pilier de la PAC. Sous la PAC 2014-2010, il est considéré qu’ils répondent automatiquement aux exigences environnementales pour les paiements verts. Dans l’ensemble des pays membres, 6,4 % du budget en moyenne consacré aux mesures agro-environnementales et climatiques sont spécifiquement consacrés à l’agriculture biologique, avec des parts qui varient entre 0,2 (Malte) et 13,2 (Danemark). Les Pays-Bas est le seul pays qui, dans ce budget, ne prévoit pas de prime à la surface spécifique aux fermes biologiques et qui se concentre plutôt sur des politiques qui renforcent la compétitivité du secteur biologique. 

Dans le cadre des aides à l’agriculture biologique, une distinction est faite entre les aides à la conversion à l’agriculture biologique et celles au maintien. Il existe également des aides différenciées selon les différents types d’utilisation des terres, les densités de chargement animal et les cultures. Le Danemark encourage une utilisation réduite de l’azote (jusqu’à 60 kg par hectare) et la Hongrie accorde des primes plus élevées pour les pâturages que pour les prairies qui sont fauchées. En 2015, les aides au maintien s’étalaient de 43 euros par hectare (Suède) à 545 euros (Estonie) pour les prairies, de 90 euros (Grande-Bretagne) à 600 euros (Slovénie) pour les terres arables, et de 184 euros (Danemark) à 900 euros (Belgique et Chypre) pour les légumes.

Bien que l’agriculture biologique a pris de plus en plus d’importance au cours des trois dernières décennies, la demande croissante d’aliments bio ne peut être satisfaite. Cela nécessite une réorientation de la PAC pour promouvoir l’agriculture biologique par le biais de stratégies nationales qui couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur, et par l’allocation de plus de budget de la PAC à l’agriculture biologique. 

L’élevage et la production de viande biologique représentent une part de marché moindre dans l’UE par rapport à la production végétale biologique

Pour la nouvelle période de programmation de la PAC, la Commission européenne a proposé en juin 2018 de continuer à soutenir l’agriculture biologique au moyen de paiements à la surface. Toutefois, les États membres restent libres de décider s’ils encouragent ou non l’agriculture biologique, et comment ils le font. Autrement dit, le soutien au secteur biologique pourrait être totalement facultatif dans la prochaine PAC. La France par exemple prévoit à l’avenir d’accorder des aides uniquement pour la conversion et non plus pour le maintien. Le niveau de soutien envers les fermes déjà en bio dépendra donc beaucoup de la mesure dans laquelle la nouvelle PAC rémunèrera les services environnementaux rendus par les paysans.