Cycloféminisme : un vélo à soi

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Des aventurières à vélo, qui roulent sur le lac Baïkal gelé, parcourent le Caire-La Mecque en une épopée ensoleillée, ou tout simplement sillonnent la France en deux roues, le nez au vent et le vent dans les mollets ; avec le film Les Echappées, d'Océane Le Pape et Louise Roussel, on saisit à quel le cyclisme est devenu vecteur d'émancipation féminine, synonyme d'un moment à soi, sans les hommes et entre femmes.

VCJC Hooghalen - A group of women standing next to each other with bicycles

A travers la diffusion du documentaire Les Echappées, plongée cycloféministe afin de concilier émancipation et vélo.

Des aventurières à vélo, qui roulent sur le lac Baïkal gelé, parcourent le Caire-La Mecque en une épopée ensoleillée, ou tout simplement sillonnent la France en deux roues, le nez au vent et le vent dans les mollets ; avec le film Les Echappées, d'Océane Le Pape et Louise Roussel, on saisit à quel le cyclisme est devenu vecteur d'émancipation féminine, synonyme d'un moment à soi, sans les hommes et entre femmes. Il s'agit là d'une réappropriation du corps, de la mécanique (avec les ateliers menés par Paillettes et cambouis), une redécouverte de l'aventure et du voyage.

Mais le vélo n'a t-il pas toujours été un moyen d'émancipation pour les femmes ? Dans les années 60, lorsque bien des Français ne pouvaient pas se permettre d'avoir une voiture, c'est à vélo que les ouvrières se rendaient au travail, se déplacaient et sortaient, de fait, du foyer et de la vie domestique – on se souvient de l'affiche du récent film de Blandine Lenoir sur les combats du MLAC à l'orée des années 70, Annie Colère avec sur l'affiche la comédienne Laure Calamy juchée sur son vélo : c'est à vélo qu'elle militera en faveur du droit à l'IVG. Dans les pays en voie de développement où tout le monde n'a pas le luxe de la voiture individuelle, c'est encore le moyen de déplacement des ouvrières.

Il faut parler aussi du voyage féminin et de l'émancipation par l'aventure – des années après les voyages d'Alexandra David Néel, le champ féministe réinvestit ces questions, avec notamment les ouvrages de Lucie Azéma. Le vélo offre ceci qu'il coûte peu cher, est écologique et sans bruit. Il offre une mobilité douce compatible avec un engagement ecoféministe.

Que dire du vélo en ville ? Comment combiner le code de la route, le code de la rue ? Il faut rappeler que pour les femmes, la circulation en ville se fait soit à pied ou à mobilité réduite (poussettes, fauteuils). Elles ont moins la possibilité de prendre le vélo que les hommes. Lorsqu'elles le font, elles ont une pratique différente, liée à des assignations genrées : moins de prise de risques que les hommes, et donc moins de mise en danger (la même chose qu'au volant, en quelque sorte).

Il est important de rappeler également que pour une femme en ville, se déplacer à vélo implique d'être libre entièrement de ses mouvements et n'être dépendante d'aucun homme. Pas besoin d'être ramenée chez soi par un homme, en voiture, en taxi, à pied, avec le risque de violences, parfois sexuelles, qui en découlent. Rentrer d'une soirée à vélo, c'est s'assurer de rentrer vite et sans dommages. Elles le disent toutes, face camera, le vélo c'est la liberté, la plénitude d'un moment à soi où pendant quelques temps, elles oublient les contraintes et les assignations pour n'être qu'un corps qui roule.