Mers, exposition solaire, vents : les Etats peuvent être inégaux quant aux différentes sources d’énergies renouvelables à utiliser. Il existe, pourtant, pour tous les Etats de l’UE, une ressource abondante et facilement exploitable pour mener la transition énergétique : c’est l’efficacité énergétique.
Le souci de l’efficacité énergétique n’est pas complètement nouveau. Lors de la révolution industrielle, l’efficacité énergétique se concentre sur les produits : autrefois très peu répandus, une meilleure efficacité énergétique les a rendus plus accessibles. Cette plus grande accessibilité a conduit à une demande plus forte, satisfaite par le charbon, le pétrole, puis le gaz naturel, et le nucléaire. L’Europe est devenue dépendante d’importations énergétiques. L'efficacité énergétique n’était pas pensée au niveau du consommateur ou de l’industrie.
L’Agence Internationale de l’Énergie considère l’efficacité énergétique comme une ressource dont chaque pays est richeProgresser dans ce domaine est la manière la plus rapide et la moins onéreuse de répondre à la fois aux enjeux de sécurité énergétique, tout comme aux enjeux économiques et environnementaux. Services, produits, procédés industriels, comportements peuvent être modifiés et/ou concus de manière à consommer moins d’énergie : installations industrielles plus efficaces, meilleure isolation des bâtiments, déploiement des véhicules propres, développement de la marche à pied et du vélo, ou encore passage des ampoules traditionnelles aux ampoules LED.
L’Union européenne a intégré la nécessité d’une politique énergétique commune. Un premier objectif européen a été fixé en 1998 pour faire progresser l’efficacité énergétique de 1 % par an sur douze ans. Un cadre global a progressivement été dessiné avec une législation sur les produits, pratiques industrielles, véhicules et bâtiments.
Ces dispositions pour l’efficacité énergétique devraient permettre d’économiser jusqu’à 326 millions de tonnes de pétrole par an d’ici 2020. La moitié de ces économies est à mettre à l’actif des exigences minimales de performance et de l’étiquetage des appareils (comme les machines à laver et congélateurs). La seconde moitié résulte quant à elle de la mise en œuvre de deux directives, la première traitant de la performance énergétique des bâtiments et la seconde de l’efficacité énergétique en soi. Les immeubles et maisons sont responsables de 40 % de la consommation d’énergie du continent et de 36 % de ses émissions de CO2. La directive sur la performance énergétique de 2010 exige des gouvernements qu’ils établissent des normes minimales. Tout nouveau bâtiment construit doit ainsi approcher le « zéro-émission » d’ici 2020. Dès lors qu’un bâtiment est destiné à être vendu ou loué, un certificat de performance énergétique évaluant son efficacité énergétique et ses émissions de CO2 est obligatoire.
La directive sur l’efficacité énergétique de 2012 demande aux gouvernements de soutenir l’UE dans son combat pour l’amélioration énergétique à hauteur de 20 % d’ici 2020 (par rapport aux taux de 1990) – libres à eux de définir les mesures concrètes, comme, par exemple, imposer aux distributeurs d’énergie une économie annuelle de 1,5 % grâce à des mesures d’efficacité énergétique Ce moyen est à l’origine de 40 % des économies nationales sur le continent. Les gouvernements peuvent obtenir les mêmes économies en prenant des mesures pour améliorer les systèmes de chauffage, pour l’installation de double-vitrages, pour l’isolation des toits ou encore en promouvant une mobilité propre.La directive contraint également les grandes entreprises à réaliser régulièrement des audits énergétiques (sur leur propre consommation) et incite les PME à en faire de même.
Parmi les autres moyens d’action, on trouve des dispositifs financiers et fiscaux destinés à inciter aux rénovations de bâtiments, à l’acquisition d’appareils et de véhicules énergétiquement plus efficaces, ou encore la taxation de l’énergie. Les gains en efficacité ont entraîné, grâce à ces politiques, une baisse de 10 % de la consommation d’énergie dans l’UE entre 2010 et 2015.
Avec le paquet « Énergie propre », l’UE place résolument l’efficacité énergétique au centre de ses préoccupations. Le nouveau règlement sur la gouvernance de l’Union de l’énergie définit l’efficacité énergétique comme un socle sur lequel doit se penser l’élaboration des plans énergétiques et climatiques par les Etats membres ; ce règlement énonce parallèlement des stratégies de décarbonation dont l’objectif à long terme est un système énergétique à haut niveau d’efficacité et entièrement renouvelable. La récente directive sur l’efficacité énergétique maintient les obligations d’économies annuelles des États membres après 2020, et a fortiori jusqu’en 2050.
L’UE est aujourd’hui le premier importateur mondial d’énergie : sa balance énergétique commerciale nette a atteint les 316 milliards d’euros par an entre 2007 et 2016. Dans le même temps, les sommes dépensées en importations d’énergie contribuent au maintien de régimes non-démocratiques, elles sont à l’origine de déforestations massives et provoquent régulièrement des marées noires. L’efficacité énergétique est un des leviers qui permet de réaliser des économies de coûts et d’améliorer l’empreinte carbone. Elle ne doit donc pas être négligée.