La météo européenne n’est pas toujours clémente : il fait parfois trop froid, ou trop chaud, pour vivre sans chauffage ou sans climatisation. Or, ces usages impliquent une forte consommation d’énergie.
Le chauffage et la climatisation représentent à eux deux près de 50 % de la demande énergétique finale de l’UE : le chauffage occupe de loin la part du lion à la fois pour les usages résidentiels et industriels. Les combustibles fossiles dominent encore le secteur, les énergies renouvelables ne représentant que 18,6 % de l’énergie totale consommée en 2016. L’UE reste malgré tout en tête du classement mondial de la production de chaleur renouvelable. La Suède en est le principal acteur, les énergies renouvelables fournissant 68,6 % de son mix chauffage et refroidissement, la biomasse générant quant à elle 60 % de la chaleur produite par les systèmes de chauffage urbain.
Les combustibles fossiles demeurant les principaux acteurs du secteur, celui-ci a un impact aussi significatif que négatif sur l’empreinte carbone européenne. Trois stratégies peuvent permettre de remédier à cette situation : premièrement,développer les énergies renouvelables afin de fournir de l’énergie décarbonée. Deuxièmement, améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et utiliser les réseaux de chauffage urbain en vue de réduire la demande globale en énergie. Troisièmement, électrifier le secteur – avec une électricité produite à partir d’énergies renouvelables.
L’efficacité énergétique est au cœur du paquet « énergie propre » de la Commission européenne. Ce dernier comprend des suggestions concernant les financements de rénovation de bâtiments et l’intégration d’énergies renouvelables, de même qu’un soutien à la recherche et à l’innovation dans les énergies renouvelables.
L’empreinte carbone des bâtiments dépend de nombreux facteurs : géographie, besoins des usagers, type de bâtiment, réseaux d’approvisionnement, intensité et fréquence d’utilisation, infrastructures existantes et développement potentiel.
De manière à ce que la quantité de CO2 émise par les bâtiments soit réduite, ces derniers doivent dès le départ être conçus pour atténuer les pertes d’énergie. L’efficacité énergétique d’un bâtiment existant peut cependant être améliorée par l’ajout d’isolants, l’utilisation d’une ventilation naturelle, de plantes ou autres sources d’ombrage, de peintures réfléchissantes et par l’installation de panneaux solaires. Une « maison solaire active » combine plusieurs de ces technologies : solaire thermique, isolation, aération contrôlée, récupération de chaleur permettent de réduire les pertes énergétiques.
L’énergie solaire est l’une des sources renouvelables les plus durables d’Europe, tout particulièrement pour le chauffage et le refroidissement. Les systèmes thermiques solaires sont en mesure de produire directement de la chaleur, ils peuvent également indirectement produire de la vapeur destinée aux centrales électriques. Les systèmes solaires photovoltaïques convertissent la lumière du soleil en électrique. Cette lumière peut également alimenter des systèmes de refroidissement. Le solaire thermique ne génère actuellement que 20 térawattheures (TWh) d’énergie, ce qui ne correspond qu’à 1 % à peine de la demande totale de chaleur dans l’UE et 3,3 % de la production d’électricité. Le potentiel est clairement là et l’énergie solaire thermique devra à l’avenir être bien mieux exploitée. On estime qu’elle pourrait fournir entre 4 et 15 % de la demande européenne d’ici à 2030 et entre 8 et 47 % d’ici 2050. Les chiffres les plus bas sont ceux d’un statu quo ; les chiffres les plus élevés correspondent à un scénario où la recherche et la politique développeraient le potentiel. Dans ce cas, le solaire thermique pourrait atteindre les 580 TWh d’ici 2030 et 1550 TWh d’ici 2050.
L’électricité et la chaleur générées par les combustibles fossiles sont lentement remplacées par les énergies renouvelables, tant pour le chauffage que pour la climatisation et les systèmes de refroidissement. Les chaudières électriques pourraient remplacer les chaudières au fioul ou au gaz. Le stockage de chaleur entraînerait des économies d’énergie. L’utilisation des énergies renouvelables pour produire chaleur et électricité et pour alimenter e les réseaux de chauffage urbains permettra non seulement de réduire les émissions de CO2, mais aussi de diminuer les coûts pour les consommateurs.
De nombreux obstacles devront être surmontés pour permettre à ces technologies de se déployer à grande échelle. Des millions de logements individuels et collectifs, et les bâtiments professionnels sont concernés. Leur rénovation sera coûteuse. Les marchés de ce secteur, qu’ils soient nationaux et régionaux, sont encore fragmentés. En outre, le faible coût des combustibles fossiles et les subventions dont ils bénéficient rendent la tâche plus rude aux énergies renouvelables ; de surcroît les Etats membres de l’UE se montrent relativement réticents à pleinement soutenir une telle transition.
La directive sur les énergies renouvelables récemment adoptée (RED II) est certes plus ambitieuse que le projet initial présenté en novembre 2016 – hausse annuelle de 1,3 % pour le chauffage et le refroidissement jusqu’en 2030 et objectif contraignant de 35 % de renouvelables dans la consommation énergétique européenne au lieu de 27 % dans le projet initial - mais les mesures proposées demeurent insuffisantes. Cette stratégie, même imparfaite, met cependant pour la première fois en exergue l’importance de l’énergie renouvelable dans les domaines du chauffage et du refroidissement . Un signe qui va dans le sens du couplage des secteurs du chauffage, du transport et de l’énergie, couplage qui pourrait permettre de relever l’ensemble des défis posés à ces trois secteurs.