Cinq leviers pour lever le pied

Atlas des Mobilités

Le transport représente environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France, en raison de la combustion de pétrole. Plusieurs leviers d’action ont été identifiés pour réduire l’empreinte carbone. Le plus efficace, c’est la modération.

Le transport routier, principal responsable des émissions européennes

Le secteur des transports est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Dans l’Union Européenne (UE), il représente 28,5% des émissions en 2019 et 34% en France, en comptant les émissions du transport international. Rapportées à la population, les émissions sont ainsi de quasiment 2,5 tonnes d’équivalent CO2 (tCO2e) par habitant pour l’UE et 2,3 tCO2e pour la France, alors qu’une empreinte carbone individuelle de l’ordre de 2 tonnes est souvent citée comme la cible à ne pas dépasser, tous secteurs confondus, pour limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 °C.

Ces fortes émissions sont liées à la combustion de pétrole, qui représente plus de 90% des consommations d’énergie des transports aussi bien au niveau mondial, dans l’UE qu’en France. Quasiment tous les modes de transport sont dépendants du pétrole : transport routier, aérien, fluvial et maritime. Largement électrifié, le transport ferroviaire est le seul transport motorisé à faire exception. Restent les modes actifs tels que la marche et le vélo. Ils sont ainsi désignés car c’est l’usager lui-même qui fournit l’énergie, avec d’importants co-bénéfices pour sa santé.

Au moins trois enjeux directement liés à la dépendance des transports au pétrole rendent nécessaire une transition énergétique dans le secteur. La combustion du pétrole entraine des émissions de CO2 qui contribuent au changement climatique ; les émissions de polluants atmosphériques affectent la santé ; enfin, cette dépendance se nourrit de ressources finies, importées, et dont la volatilité des prix fragilise de nombreuses populations.

Les modes routiers, à commencer par les voitures, puis les poids lourds et enfin les utilitaires légers, sont les formes de transport les plus émettrices. Viennent ensuite les transports aériens et maritimes, qui sont majoritairement internationaux. En France, environ deux tiers des émissions résultent du transport des voyageurs, le tiers restant provenant du transport de marchandises.

La part importante du transport routier dans les émissions s’explique par l’utilisation très répandue de la voiture pour la mobilité des personnes et par celle des poids lourds pour le transport de marchandises. Les émissions par personne ou par tonne de ces modes de transport sont parmi les plus importantes. Elles sont également fortes dans le transport aérien, tandis que les transports en commun routiers et surtout ferroviaires sont moins émetteurs par kilomètre parcouru. Tous les modes ne permettent cependant pas de parcourir les mêmes distances : les déplacements en avion sur longue distance sont les trajets les plus émetteurs.

Même électrique, le vélo reste 52 fois moins polluant qu'une berline

Les émissions évoquées précédemment s’entendent comme des émissions directes : elles sont directement liées à l’énergie consommée au moment où le véhicule est utilisé. Ce sont ces émissions qui sont généralement prises en compte dans les inventaires d’émissions de gaz à effet de serre.

Mais les transports sont aussi responsables d’émissions indirectes. Ainsi, la production de l’énergie qu’ils consomment est elle-même génératrice d’émissions. Ce surcroit d’émissions est de l’ordre de 20% dans le cas des carburants pétroliers (extraction, transport, raffinage et distribution) par rapport aux seules émissions de leur combustion. La construction des moyens de transport, et plus marginalement leur entretien, produit, elle aussi, des émissions. En France, c’est la construction qui est le principal poste d’émissions dans le cas des voitures électriques, compte tenu du mix électrique fortement décarboné. La production de la batterie est certes polluante, mais l'usage réduit nettement les émissions de telle sorte que la voiture électrique est actuellement trois fois moins émettrice qu‘une voiture thermique équivalente (diesel ou essence) sur son cycle de vie. Enfin, le dernier poste des émissions indirectes est celui de la construction et de l’entretien des infrastructures de transport. Des pays tels que la France sont déjà très largement équipés, il y a moins de constructions en cours que par le passé. Cependant, tout nouveau projet devrait soulever des questions au regard de son impact en termes d’émissions.

La stratégie nationale bas-carbone française a défini cinq leviers pour réduire les émissions. Ils sont valables quel que soit le périmètre ou la région étudiée. Le premier levier est la modération de la demande de transport. Cette mesure consiste à limiter le nombre de kilomètres pour les voyageurs et le transport de marchandises (mesuré en tonnes-kilomètres). Cela implique des évolutions dans l’aménagement du territoire pour retrouver davantage de proximité, des changements dans les comportements afin d’éviter les déplacements les plus longs, de choisir des destinations de vacances plus proches ou de partir moins souvent, ou encore d’abaisser les tonnages et de relocaliser des flux pour les marchandises.

Le second levier concerne le report modal : il s’agit de satisfaire la demande de transport par des modes sobres en énergie et en émissions. Cela concerne notamment le report de la voiture ou de l’avion vers la marche, le vélo, le train ou les bus et cars pour voyageurs, et des poids lourds vers le fret ferroviaire et fluvial pour les marchandises.

L’optimisation du remplissage des véhicules, notamment via le covoiturage, constitue le troisième levier. L’efficacité énergétique des véhicules est un quatrième levier, qui s’appuie sur des évolutions techniques (progrès sur les moteurs, électrification des véhicules) et des mesures propices à la sobriété telles que la limitation de la vitesse sur les routes ou la baisse du poids des véhicules.

Enfin, le cinquième levier correspond à la décarbonation de l'énergie et consiste à passer du pétrole à des énergies alternatives telles que l’électrique, l’hydrogène, les agrocarburants ou le biogaz. Pour garantir le recul effectif des émissions, la production de ces énergies doit être elle-même peu carbonée et leurs impacts environnementaux, notamment les émissions de gaz à effet de serre, doivent être limités sur l’ensemble de leur cycle de vie.

Le transport routier et aérien en tête des émissions
Marche, vélo et train sont les moyens de transports les moins émetteurs de gaz à effet de serre.

Sources :

Eurostat (2021), EU Transport in Figures. Statistical pocketbook 2021, https://bit.ly/393Y6Me | Bigo, A. (2020), Les transports face au défi de la transition énergétique. Explorations entre passé et avenir, technologie et sobriété, accélération et ralentissement, Thèse, 340 pages, https://bit.ly/3wXddiv | MTES (2020), Stratégie Nationale Bas Carbone. La transition écologique et solidaire vers la neutralité carbone, https://bit.ly/3LWTAwA