Le transport maritime : le vent en poupe mais des défis à relever

Atlas des Mobilités

Le transport maritime constitue le principal moyen, le plus efficace mais aussi le plus polluant d’acheminer des marchandises. Le secteur, qui n’est pas concerné par l’accord de Paris, tente de se fixer des lignes directrices pour devenir plus respectueux de l’environnement.

Maritime shipping routes and their main destinations
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Le trafic élevé sur les routes maritimes transatlantiques et transpacifiques reflète l'interdépendance de ces marchés. L'Asie domine clairement le marché du transport maritime par conteneurs.

Le transport de marchandises est un aspect essentiel du commerce international et la logistique qu’il nécessite s’élabore à l’échelle planétaire. Les navires de charge transportent des milliards de tonnes de marchandises le long des voies maritimes. Plus de 90 % du commerce mondial et 94 % de celui des pays en développement se fait en effet ainsi. Ce mode de transport est le moins cher et le plus efficace, mais c’est aussi le plus polluant puisque la plupart des navires continuent de fonctionner au fioul lourd, notamment dans les eaux internationales. En outre, le transport maritime n’est pas soumis à la directive européenne sur la taxation de l’énergie.

Il n’est pas non plus concerné par l’accord de Paris de 2015. Ce dernier fixe toutefois des objectifs non contraignants destinés à réduire les émissions annuelles brutes de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 50 % d’ici 2050 par rapport à leur niveau de 2008, le secteur devant s’y atteler le plus tôt possible. De plus, la nouvelle limite concernant la teneur en soufre du fioul, ramenée à 0,5 % et entrée en vigueur le 1er janvier 2020, s’applique à environ 70 000 navires à travers le monde.

Development of maritime trade
Le transport maritime joue un rôle important dans l'économie mondiale. Si les porte-conteneurs sont en plein essor, 75 % du tonnage est encore constitué de vrac sec et liquide.

Autre problème de taille : l’utilisation de pavillons de complaisance, qui consiste, pour les armateurs, à enregistrer leur navire dans un pays autre que le leur. Ils échappent ainsi à toute imposition ou à des impôts plus élevés, ainsi qu’à la législation de leur pays en matière de travail et d’environnement.

Parmi les aspects positifs du transport maritime, citons le « verdissement » de la manutention portuaire, qui émet moins de GES. Dans nombre de grands ports, en effet, les autorités prennent des mesures pour améliorer leurs équipements et leurs techniques.

Dans les ports, l’alimentation électrique terre-navire permet d’éteindre les moteurs fonctionnant aux combustibles fossiles et de faire tourner les équipements vitaux grâce à des branchements à quai. Il est désormais interdit, dans la plupart des ports européens, de brûler du pétrole brut pour permettre aux moteurs de continuer à fonctionner.

Les pays dans lesquels le transport maritime est développé sont en position de force pour renouveler leurs services logistiques et prestations de transport et les rendre plus intelligents, plus efficaces et plus respectueux de l’environnement. La Grèce arrive en première position dans le monde en termes de possession de navires puisqu’elle détient 10,2 % (en valeur commerciale) de tous les navires du globe ; elle possède 53 % de tous les navires européens, soit la plus grande flotte d’Europe, et 17,8 % de la capacité mondiale totale de port en lourd. L’écrasante majorité (85,2 %) des navires grecs sont enregistrés sous pavillon étranger. La taxation des armateurs n’a jamais constitué une priorité des gouvernements grecs qui se sont succédé depuis un siècle. Le transport maritime représente près de 7 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.

La majorité des opérations en Europe passe par les ports de Rotterdam, Anvers et Hambourg, l’avantage étant qu’ils possèdent des infrastructures qui les relient relativement bien aux principaux marchés et sites industriels. Dans le sud de l’Europe, en revanche, les ports sont désavantagés par des barrières physiques comme celle des Alpes et par un réseau à l’intérieur des terres qui les oblige à traverser l’ensemble des Balkans pour atteindre l’Europe centrale.

En octobre 2016, le Comité de la protection du milieu marin a adopté des exigences impératives obligeant les navires à enregistrer et à signaler leur consommation de fioul dans le cadre d’un plan de gestion du rendement énergétique (SEEMP). Cet outil de collecte des données de consommation, mis au point par l’Organisation maritime internationale (OMI) et entré en service en mars 2018, oblige les navires ayant une jauge brute égale ou supérieure à 5000 de soumettre un rapport annuel sur leur consommation de fioul à leur administration. Afin d’accélérer la transition vers un transport maritime zéro GES, A. P. Møller-Mærsk, numéro un européen du secteur et géant mondial du commerce maritime, s’est fixé en 2018 un objectif optimiste : arriver à des activités zéro émission de CO2 d’ici 2050. On a toutefois appris que cette même entreprise avait dépavillonné certains de ses vieux navires afin de pouvoir les abandonner à peu de frais sur les plages d’Asie du Sud. Le commerce maritime étant appelé à poursuivre son développement, il est d’autant plus important de verdir ce secteur, d’améliorer la réglementation internationale et de la faire appliquer. C’est ainsi que le Parlement européen a récemment fait pression pour que le transport maritime soit inclus dans le système d’échange de quotas d’émissions de l’Union européenne (UE SEQE).

Shipping's share of greenhouse gas emissions
Le transport maritime est le plus faible émetteur de CO2 par tonne de produits transportés par kilomètre.

Sources :
United Nations Conference on Trade and Development, Review of Maritime Transport 2019, https://bit.ly/3eqtMtL; The Geography of Transport Systems, Main Maritime Shipping Routes, https://bit.ly/3l17IYX; European Environment Agency, Greenhouse gas emissions from transport in Europe, https://bit.ly/3jCr0CE