Permettre aux habitants de marcher, faire du vélo ou utiliser les transports publics en toute sécurité est indispensable non seulement pour rendre les villes vertes et soutenables, mais aussi pour qu’elles soient habitables et respectueuses de leurs habitants.
Ces 60 à 70 dernières années, les villes ont été agencées autour de la voiture afin d’en accueillir le plus grand nombre possible. Aujourd’hui, la voiture individuelle, censée assurer notre liberté de mouvement, est bloquée dans les embouteillages, monopolise une place importante dans les villes, pollue l’air, contribue au changement climatique et nuit à la santé des individus par les bruits qu’elle émet et le manque d’exercice physique qu’elle entraîne.
Les villes prennent aujourd’hui conscience qu’il faut changer de paradigme et s’attacher à permettre au plus grand nombre de personnes possible de vivre et de se déplacer de façon soutenable en milieu urbain. Cela implique de repenser les rues et les villes en priorisant les transports publics, le vélo et la marche.
Copenhague est connue pour être une ville de cyclistes. Si ses habitants optent pour le vélo, ce n’est pas parce qu’ils ont un gène particulier ni parce qu’ils se soucient davantage de l’environnement, mais parce que le vélo représente un moyen sûr, rapide et simple de se déplacer au quotidien. Ils se déplacent à vélo parce que Copenhague est conçue et bâtie pour le vélo.
Cette situation tient au fait que la capitale danoise élit depuis toujours des responsables attachés à l’image d’une ville habitable, respectueuse de ses habitants, soutenable et neutre en carbone. Ils ont donc investi en conséquence dans les infrastructures et les équipements favorables au vélo et pris des mesures qui vont dans le même sens.
Dans les années 1970, les Copenhagois ont manifesté devant leur hôtel de ville pour réclamer que le vélo devienne une priorité après deux décennies d’hégémonie croissante de la voiture. Les autorités et les urbanistes les ont écoutés et ont accordé une part importante au vélo dans la planification de la circulation.
Les décennies suivantes ont été marquées par une augmentation régulière de la pratique du vélo. L’objectif est que 50 % de tous les trajets scolaires et professionnels soient effectués à vélo d’ici 2025. On en était à 49 % en 2018. Sur l’ensemble des déplacements vers, depuis et dans la capitale, 28 % se faisaient à vélo en 2018 (32 % en voiture, 21 % à pied et 19 % en transports en commun). Dans le centre, les vélos étaient devenus plus nombreux que les voitures en 2016.
Pierre angulaire de tout aménagement favorable au vélo dans une ville : un réseau de pistes cyclables en site propre. Au Danemark, les pistes cyclables unidirectionnelles sont séparées des trottoirs et de la chaussée par une bordure en saillie, un dispositif indispensable lorsque le trafic est dense et que les véhicules roulent vite. Sans lui, les femmes et les enfants sont moins enclins à faire du vélo, ce qui n’en fait pas un moyen de transport accessible à tous.
Tout trajet en vélo s’achève par la nécessité de le garer, d’où l’importance de prévoir des parkings partout dans la ville. Les équipements varient en qualité selon la durée du stationnement : plus celui-ci est long, plus il nécessite un abri et différents services.
Vélos et transports en commun sont faits pour s’entendre. Les premiers sont disponibles avant ou après un trajet en transports publics et les seconds permettent d’aller plus loin qu’en vélo. Pour que l’entente soit vraiment parfaite, il est important que le passage d’un mode de transport à l’autre soit aisé et agréable.
De simples dispositifs comme des repose-pieds aux intersections, des poubelles inclinées, des compteurs de vélos ou la mise à disposition de pompes facilitent la vie des cyclistes qui se sentent acceptés. Le passage en décalé des feux au vert et d’autres solutions de système intelligent de transport (SIT) rendent les déplacements à vélo plus fluides, plus rapides et plus agréables.
En 2020, la pandémie de Covid-19 a créé une conjoncture favorable au vélo. Partout dans le monde, les villes et les fournisseurs de services de transport doivent désormais repenser les rues et les transports publics pour les adapter aux nouvelles exigences de distanciation physique destinées à empêcher la propagation du virus.
Afin d’éviter un véritable « carmageddon » et fournir des solutions autres que les transports en commun aux citadins, les villes du monde entier élargissent les trottoirs et ferment certaines rues aux voitures pour faire plus de place aux piétons et aux files d’attente extérieures. Des « coronapistes » ont également vu le jour un peu partout pour permettre aux habitants de pouvoir se déplacer à vélo.
En trois semaines à peine, la ville de Berlin a ainsi mis en place 12 km de nouvelles pistes cyclables en site propre. Celles-ci sont considérées comme des travaux de voirie, ce qui permet d’éviter les procédures administratives classiques. Elles ont été favorablement accueillies, mais seul le temps dira si ces mesures ont perduré et acquis un caractère permanent.
Sources :
Der Tagesspiegel, Ein Fünftel der Deutschen steigt öfter aufs Fahrrad, Jutta Maier, https://bit.ly/34DE7iI; Office for cycle superhighways, Cycle superhighways, https://bit.ly/3kFz6M6; Københavns Kommune, Cykelredgørelse 2020, https://bit.ly/3e5aWYI