L’Europe se dirige vers une transition énergétique à un rythme peu imaginable il y a encore dix ans.
Le climat change de plus en plus vite et les citoyens européens sont de plus en plus conscients des dangers liés à ce bouleversement. Cette prise de conscience se traduit peu à peu par des actes. Les citoyens, gouvernements et entreprises s’aperçoivent la transition vers des formes de production d’énergie plus écologiques n’est pas un exercice couteux et difficile, mais au contraire un défi particulièrement bénéfique : économies de coûts, création de nouvelles industries et d’emplois locaux impossibles à délocaliser, sécurité énergétique.
L’Europe est d’ores et déjà un leader mondial dans de nombreuses technologies vertes, notamment en matière d’énergie éolienne, en mer et sur terre. La transition énergétique offre maintes possibilités d’exporter ce savoir-faire partout dans le monde. La concurrence nord-américaine et asiatique incite l’Europe à davantage investir dans la recherche et l’innovation, de même qu’à établir les conditions idéales à l’épanouissement des technologies vertes.
Ceci implique un marché intérieur dynamique qui permet le développement des énergies renouvelables, un secteur de la construction tournés vers des « bâtiments à énergie positive» (bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment) et des transports écologiques. De meilleures interconnexions entre les réseaux électriques et les secteurs du chauffage et de la mobilité peuvent permettre à l’Europe de s’approvisionner à 100 % en énergies renouvelables et de faire baisser la facture des importations d’énergies fossiles.
L’accord de Paris sur le climat de 2015 a montré que seul un renoncement global aux énergies fossiles permettra de limiter le changement climatique. Les risques liés au changement climatiques sont tangibles, et les investisseurs vont progressivement délaisser les combustibles fossiles au profit des technologies vertes. L’accord de Paris a mis en lumière le potentiel des énergies renouvelables et les indéniables avantages de l’efficacité énergétique. Des projets phares émergent, avec le soutien financier de l’Union européenne, que ce soient des parcs éoliens offshores dans la mer du Nord et la mer Baltique, la conversion du chauffage traditionnel citadin en énergie renouvelable ou encore des corridors européens facilitant l’électromobilité.
Au cours des cent dernières années, la force géopolitique a toujours dépendu des pays possédant ou ayant accès aux ressources énergétiques. Elle s’appuiera dans un futur proche sur l’avantage concurrentiel des meilleures technologies environnementales. Les pays faisant progresser l’énergie solaire et éolienne, les réseaux intelligents et le stockage de l’énergie, auront un temps d’avance. La réduction de leurs importations de combustibles fossiles renforcera leur sécurité énergétique. Ainsi en va-t-il de l’Europe. Accélérer l’utilisation des technologies vertes permettra de réduire la dépendance du continent vis-à-vis de pays comme la Russie ou encore l’Arabie saoudite ; cela lui permettra d’accroître son poids géopolitique.
L’économie européenne demeure cependant encore largement tributaire des énergies fossiles, plus particulièrement concernant le chauffage, le refroidissement et les transports. Le transport reste le secteur le plus délicat à décarboner : 90% des véhicules présents dans l’UE roulent en effet à l’essence, au diesel ou au gaz. Le « dieselgate », qui a révélé que les constructeurs automobiles ont triché sur les niveaux d’émissions lors des tests d’homologation des moteurs diesel, a fortement entaché la réputation de ces derniers. Une réelle prise de conscience des dommages causés sur la santé respiratoire par les gaz d’échappement de ces moteurs pourrait enfin accélérer le déploiement des véhicules électriques. Un nombre restreint de véhicules en ville, de plus larges espaces dédiés à la marche et au vélo, des transports publics plus écologiques : ces éléments peuvent concourir à un nouveau modèle de mobilité urbaine qui préserve la qualité de l’air et la qualité de vie.
Mais la transition énergétique est également une bataille démocratique. Les citoyens ont trop longtemps été à la merci d’intérêts économiques et géopolitiques hors de leur portée. Leur fournir des moyens d’action idoines et leur donner le droit de choisir est essentiel : ce sont eux qui, en effet, finissent par régler la facture – écologique, sanitaire, commerciale ou fiscale. La transition énergétique ne réduit pas les citoyens à un statut de clients passifs dénués d’influence sur les décisions essentielles. Des millions d’individus, de coopératives et d’autorités locales sont en mesure de jouer un rôle prépondérant dans la transition énergétique, en devenant propriétaires ou copropriétaires d’installations de production d’énergie renouvelable ; activement impliqués, ceux-ci peuvent produire leur propre électricité et optimiser au maximum leur consommation. Le mouvement pro-climat des collectivités locales européennes fleurit.
Les politiques de l’UE ont enclenché la transition énergétique en Europe. Les décisions politiques d’aujourd’hui définiront le cadre de demain. L’Union européenne a un défi à relever et une opportunité à saisir sauver le monde de la catastrophe climatique et devenir le leader mondial des technologies vertes.