Beaucoup de pays exportateurs de pétrole, gaz ou encore charbon ne sont ni des démocraties ni des contrées stables. Et les investissements à grande échelle dans l’exploitation et importation d’énergies fossiles se perpétuent.
Malgré les progrès réalisés dans le domaine des énergies renouvelables, l’Union européenne importe encore 54 % de ses besoins énergétiques. 90 % de ceux-ci sont couverts par le pétrole et 69 % par le gaz naturel. Cette dépendance peut coûter très cher. En 2013, l’UE a dépensé 403 milliards d’euros en importations de carburants. Si ces dépenses sont passées à 261 milliards en 2015 les chiffres sont trompeurs, car ils sont avant tout liés à la chute des prix sur le marché et non à une baisse de la consommation.
Autre inquiétude de taille : la trop grande dépendance vis-à-vis de certains exportateurs d’énergie. L’UE importe ainsi 28 % de son pétrole brut de Russie, 11 % de Norvège, 8 % du Nigeria et 8 % d’Arabie Saoudite. La Russie (29 %) et la Norvège (26 %) sont les deux principaux fournisseurs de gaz naturels, suivis par l’Algérie (9 %) et le Qatar (6 %). Gaz et pétrole proviennent ainsi à plus de 50 % de seulement quatre pays ! Les problèmes de sécurité et de dépendance en découlant sont par conséquent à prendre très au sérieux.
Certains pays voisins de l’UE entretiennent déjà des relations étroites avec celle-ci (Norvège et Suisse par exemple) ou sont même candidats à l’adhésion (pays des Balkans de l’Ouest). Les liens noués avec les autres régions limitrophes (à l’exception de la Russie) le sont par le biais de la Politique européenne de voisinage (PEV), axée sur la promotion de la démocratie, de l’État de droit et du libre-échange. Les enjeux énergétiques ne représentent qu’un élément de cette politique.
La Politique de voisinage se divise en deux parties : le Partenariat oriental et l’Union pour la Méditerranée (UpM). Le Partenariat oriental s’attache aux relations avec la Biélorussie, la Moldavie et l’Ukraine en Europe de l’Est et l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie dans le sud du Caucase. Il encourage le développement économique de ces pays et octroie une place centrale à la sécurité énergétique et à l’approvisionnement en gaz naturel venant de Russie, via l’Ukraine, vers les États membres de l’UE. L’objectif principal est de surveiller et sécuriser les importations de combustibles fossiles ; une stratégie qui, malheureusement, perpétue la dépendance de l’UE vis-à-vis de ces sources d’énergie.
Sur les enjeux liés aux énergies renouvelables, le Partenariat oriental stimule leur développement en accord avec le marché intérieur de l’Union européenne. Ce partenariat mentionne également l’efficacité énergétique, le développement des interconnexions, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique. L’Union pour la Méditerranée met quant à elle l’accent sur la réglementation et la libéralisation du marché et se concentre moins sur les questions de sécurité d’approvisionnement.
L’Union européenne mise toujours actuellement sur la diversification de l’approvisionnement en gaz et en pétrole, de même que sur les changements structurels sur le marché gazier, pour assurer sa sécurité énergétique à court et moyen terme. Le gaz naturel liquéfié (GNL) a fait du commerce du gaz un marché mondial. Le GNL n’a en effet pas besoin de gazoduc ; il peut être « simplement » expédié. Le GNL représentait en 2016 un huitième (48,7 milliards de m³) des importations totales de gaz de l’Union. Pas moins de 17 pays sont aujourd’hui exportateurs de GNL, situation qui profite aux importateurs qui ont le choix parmi les fournisseurs.
La diversification de l’approvisionnement et la réduction de la proportion de gaz venant de Russie se heurtent cependant à de nombreux obstacles d’ordre politique. Les infrastructures gazières telles que Nord Stream II, gazoduc entre la Russie et l’Allemagne, menacent de renforcer la dépendance au gaz et de perpétuer les infrastructures émettrices de CO2 ; les objectifs liés à la sécurité énergétique et à la réduction de l’empreinte carbone s’en trouvent ébranlés dans leurs fondements. Les buts fixés par la Politique de voisinage sont ici incompatibles avec les engagements formulés par l’Union européenne dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.
Entre les États membres, les intérêts des pays de l’Europe occidentale, et de ceux de l’Europe centrale et orientale divergent. Une ligne de front commune, combinant l’amélioration de l’efficacité énergétique et l’expansion des énergies renouvelables, permettrait de réduire la dépendance vis-à-vis des importations des énergies fossiles. L’Union européenne peut, par sa politique de voisinage, contribuer au développement des énergies renouvelables dans les pays voisins ainsi qu’à l’amélioration de l’efficacité énergétique et à l’édification d’interconnexions pour favoriser les échanges énergétiques et apporter de la flexibilité au mix. L’UE saisira-t-elle cette occasion ?