L’élection d’un nouveau gouvernement a rebattu les cartes et scellé un retour en arrière ; le pays ne parviendra ainsi pas à atteindre ses objectifs en matière d’énergie propre, même les plus modestes.
La Pologne est une terre de charbon : plus de 80 % de l’électricité du pays provient du charbon ou du lignite. Les énergies renouvelables représentaient 14 % de la production électrique en 2017, l’énergie éolienne en tête. Elles constituaient 11,3 %, de la consommation total d’énergie - principalement la biomasse. Un plan d’action national en faveur des énergies renouvelables prévoit pourtant que cette part atteigne 15 % à l’horizon 2020. Il parait aujourd’hui très improbable que cet objectif soit atteint.
Les énergies renouvelables ont pu être encouragées ces 10 dernières années par certaines modifications du marché de l’énergie, avec par exemple la mise en place de politiques de subventionnements et l’introduction des règles européennes de la concurrence. Mais dès 2012 les grandes entreprises d’énergie ont exercé de fortes pressions pour retarder le projet de loi sur les énergies renouvelables. 2015 a vu le nouveau gouvernement fixer ses priorités sur la sécurité énergétique nationale et non sur la concurrence.
Les investissements accordés aux sources d’énergie renouvelables ont cédé le pas au maintien de la production traditionnelle. Les quelques dispositions favorables auxénergies renouvelables (« certification verte », soutien aux consommateurs générant leur propre électricité) ont été démantelées. Les subventions octroyées aux petites centrales ont été considérablement réduites. Un système de mise aux enchères a remplacé le système précédent, fondé sur des aides directes. Les conditions d’exploitation de l’énergie éolienne terrestre ont été tellement modifiées que les nouvelles installations sont à l’arrêt et que de nombreux opérateurs sont en faillite ou en passe de l’être.
Les grandes compagnies ont dans le même temps commencé à réclamer de plus en plus de soutien de l’Etat en contrepartie de leurs actions de « stabilisation » du système électrique national. Le Fonds national Polonais de protection de l’environnement et de la gestion de l’eau a fondé le programme « E-Kumulator », dont la mission est l’accompagnement des centrales électriques conventionnelles afin que celles-ci s’adaptent aux exigences des directives de l’UE sur la protection de l’air. Les politiques de soutien aux énergies renouvelables n’échoient plus aux citoyens mais aux grandes entreprises et aux grands consommateurs d’énergie. L’énergie renouvelable la plus couramment utilisée est la biomasse (plus de 70 %). Le potentiel éolien est cependant énorme en Pologne. Combinées, les éoliennes onshore et offshore pourraient fournir jusqu’à 27 % de l’énergie du pays à l’orée 2050. Il en irait de même concernant le solaire et la géothermie qui pourraient, si les secteurs étaient couplés, satisfaire jusqu’à 20 % des besoins énergétiques nationaux, soit l’équivalent des besoins couverts par la biomasse. Mais seuls 1 à 2 % du potentiel solaire et géothermique ont été exploités jusqu’à aujourd’hui.
Le charbon bitumineux et le lignite sont les principaux combustibles fossiles exploitables en Pologne. Ses coûts d’extraction sont si élevés que le gouvernement doit subventionner les grandes entreprises qui s’y prêtent. Le citoyen polonais a ainsi contribué à hauteur de 446 euros par an au subventionnement de l’industrie du charbon, aux frais miniers externes et à la production d’électricité à partir du charbon au cours de la période 1990–2016.
Les prix mondiaux du charbon sont très bas. Les mines sont ainsi soumises à de fortes pressions financières mais les préoccupations de la classe politique quant au sort des mineurs retardent leur mise à l’arrêt ; celle-ci semble toutefois inéluctable. Des projets de jumelage d’entreprises énergétiques rentables avec des sociétés minières non rentables ont été reportés, principalement à la suite de certaines objections de la Commission européenne. Outre quelques plans de création de nouvelles mines, de nouvelles méthodes d’extraction du charbon (notamment la gazéification) sont parallèlement en cours d’élaboration, malgré leur rentabilité quasiment nulle. Par ailleurs, les importations de charbon sont en hausse, contrairement aux déclarations gouvernmentales qui voient dans le charbon une ressource nationale.
La pollution de l’air est le principal dommage causé par le charbon. Les villes polonaises sont parmi les plus touchées en Europe. Les enjeux liés au problème sont néanmoins pris au sérieux. La Voïvodie de Petite-Pologne (Województwo małopolskie) et la Silésie sont deux provinces du sud particulièrement touchées par la pollution atmosphérique. L’usage de charbon de mauvaise qualité y a été proscrit. Une interdiction nationale de vente de brûleurs de mauvais charbon est entréeen vigueur en juillet 2018.
Le cœur de la politique énergétique polonaise est d’assurer la sécurité énergétique du pays, en s’appuyant sur les ressources domestiques. Le développement des énergies renouvelables et la réduction des émissions de CO2 ne font pas partie des objectifs principaux du gouvernement, d’autant que les législateurs souscrivent généralement à l’idée que la plupart des émissions peuvent être neutralisées par la séquestration carbone dans les forêts.