L'édition 2019 du World Nuclear Industry Status Report est présentée aujourd'hui à Paris. Au-delà du traditionnel panorama exhaustif du parc nucléaire mondial, le WNISR2019 analyse la question cruciale de la capacité de l’option nucléaire à répondre à une urgence climatique toujours plus flagrante.
Les principales conclusions du rapport ont été résumées et commentées lors d'une conférence de presse à Paris, le 17 décembre 2019. Un résumé en français du rapport est disponible ici.
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La construction nucléaire est en déclin pour la cinquième année consécutive, avec 46 chantiers en cours à mi-2019, contre 68 tranches en 2013 et 234 en 1979.
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Huit experts interdisciplinaires de six pays, dont quatre professeurs d’université, ainsi que Amory Lovins, co-fondateur du Rocky Mountain Institute, livrent une conclusion sans appel sur la performance du nouveau nucléaire : "Les options non-nucléaires permettent d’économiser plus de carbone par dollar et par an" que le nucléaire.
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"On ne peut dépenser un euro, un dollar ou un yuan qu’une fois : l’urgence climatique exige que les décisions d’investissement favorisent impérativement les stratégies de réponse les moins onéreuses et les plus rapides. L’option nucléaire s’est constamment révélée comme la plus chère et la plus lente" conclut Mycle Schneider.
Rapport de référence, il est édité chaque année par Mycle Schneider avec une équipe de consultants indépendants, en coopération avec la Fondation Heinrich Böll, Bureau de Paris. Le rapport complet peut-être téléchargé ici.
Jens Althoff, directeur du bureau de Paris de la Fondation Heinrich Böll commente les conclusions de ce rapport :
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"La question nucléaire est en train de devenir un clivage important et de plus en plus profond entre la France et l’Allemagne et en Europe".
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"Contribuer plus au budget européen pour investir plus en Europe : c’est une revendication centrale du Président Emmanuel Macron et de son gouvernement auprès de Berlin".
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"Si la France continue d’essayer de faire financer ses problèmes avec le nucléaire par les fonds européens dédiés à la transition énergétique, comment peut-on penser que le voisin allemand pourrait être prêt à y contribuer davantage à travers le budget européen ? Il est difficilement imaginable de voir l’Allemagne contribuer plus si c’est aussi pour financer le nucléaire français".
- "Quel est l’intérêt de se battre sur ces différences, alors qu’une vision commune est possible et réaliste : celle d’une Europe avec 100% d’énergies renouvelables à l’horizon 2050 ? La France et l’Allemagne pourraient être en première ligne et réaliser ce projet, en investissant dans les énergies renouvelables ainsi que dans le développement du stockage, les batteries, et dans les possibilités offertes par la révolution numérique".
Pour toute question : info@fr.boell.org