Une économie encore loin d'être circulaire

Atlas du Plastique

La crise de la pollution plastique est mondiale et la France y contribue pleinement. La consommation de plastique y est élevée, de manière similaire aux tendances que l’on observe dans les pays du nord. Conséquence logique : les quantités de déchets plastiques produites en France sont considérables et ceux-ci sont rarement recyclés.

Les emballages, premiers consommateurs de plastique en France

Avec 4,8 millions de tonnes de plastique utilisé chaque année, la France est l’un des principaux consommateurs de cette matière en Europe. Ramené au nombre d’habitant, cela représente plus de 70 kilos de plastique par français et par an !

Le principal responsable de cette forte consommation est bien identifié : en France, l’emballage représente le premier secteur utilisateur de matières plastiques et draine 45% du plastique consommé, une proportion encore plus forte que la moyenne européenne (où 40% du plastique est utilisé pour l’emballage). Léger et bon marché, le plastique s’est ainsi imposé au fil du temps comme le matériau privilégié pour emballer nos produits. 58 % des unités d’emballages ménagers mis en marché en France sont aujourd’hui en plastique. Ils représentent annuellement 100 milliards d’unités, soit 1,2 millions de tonnes de plastique par an, rien que pour les emballages ménagers (hors emballages industriels et commerciaux).

En France, près de la moitié de la consommation de matières plastiques sert à fabriquer des emballages.

Ces tendances de consommation se retrouvent sur certains produits emblématiques comme la bouteille d’eau : la France est le sixième pays le plus consommateur d’eau en bouteille en Europe.

Ainsi, près de la moitié du plastique consommé en France est utilisé pour fabriquer des produits à usage unique, principalement des emballages, qui ont par définition une durée d’utilisation très courte avant de devenir un déchet. Conséquence logique : la France génère près de 3,5 millions de tonnes de déchets plastiques par an et les emballages sont responsables de près de 60% de l’ensemble des déchets plastiques produits, tout secteur confondu.

Que deviennent les déchets plastiques des Français ? Une fois produits, il existe trois principaux modes de traitement pour les déchets plastiques : la mise en décharge, l’incinération, et le recyclage. En France, environ 42% des déchets plastiques produits sont incinérés (ou valorisés énergétiquement par un autre procédé) et 35% sont mis en décharge.

Principales interdictions de produits plastiques prévues ou actées en France depuis 2015

De premiers pas dans la bonne direction : la France interdit progressivement plusieurs produits plastiques à usage unique, et s’est fixée, avec la nouvelle loi sur l’économie circulaire pour objectif - non contraignant - une interdiction globale en 2040.

Quid du recyclage ? Le taux de recyclage global des plastiques au niveau national se situe autour de 23 % et le taux de recyclage des emballages plastiques est de 26%.

Ces taux de recyclage se situent dans la moyenne européenne mais sont relativement faibles comparés à ceux de certains pays du nord comme l’Allemagne ou la Norvège. Ces différences s’expliquent principalement par les modalités de collecte et de tri mises en place. Ainsi, en France, la tarification incitative, qui implique que la facturation pour l’enlèvement des ordures est fonction des quantités de déchets produites (ce qui incite au tri) est très peu développée : seuls 4,5 millions d’habitants sont concernés. De même, il n’existe pas de système de consigne sur les bouteilles plastiques et, en dehors des foyers, le tri n’est pas généralisé : il est ainsi rare de pouvoir trier ses déchets plastiques dans la rue, dans les gares et parfois même au travail. Cela explique que, même pour les déchets plastiques plutôt bien recyclables comme les bouteilles en PET transparente, le taux de tri au niveau national n’est que de 58%.

Si la France a des marges de progression en matière de tri et recyclage, il faut cependant noter que même les meilleurs pays européens, qui ont mis en place tous les outils destinés à maximiser le tri, plafonnent autour de 50% de recyclage pour les déchets plastiques. Cela démontre qu’il existe des limites techniques et économiques très concrètes au recyclage des plastiques et une difficulté à trouver des débouchés pour certaines matières plastiques recyclées. Ainsi, la plasturgie française n’intègre que 6% de matière plastique recyclée dans sa production, le reste étant de la matière vierge, bien loin des niveaux d’incorporation de matières recyclées observés sur d’autres matériaux (66% pour le papier, 58% pour le verre).

Cela démontre qu’en matière de plastique, la solution pour réduire les pollutions réside sans doute avant tout dans la réduction de notre consommation.