L’UE se félicite du recul des émissions de CO2. Mais la question de la précarité énergétique reste un problème dans de nombreux pays, notamment en Europe centrale.
Y aurait-il des ratés dans la transition énergétique de l’UE ? La Commission vient de publier son bilan 2019 des efforts climatiques des Etats-membres. Qui semble en apparence bon. Les émissions de Co2 reculent, les revenus issus de la vente de quotas grimpent, le tout sans affecter la croissance, selon l’exécutif européen.
Les émissions ont affiché un retrait de 3,7 % en 2019, alors que la croissance progressait de 1,5%. Et la vente de quotas a rapporté 57 milliards d’euros depuis 2012.
Un cocktail dont l’exécutif européen se félicite. « L’Union européenne est en train de prouver que la réduction des émissions et la croissance de l’économie peuvent aller de pair.(…) La transition est réalisable si nous respectons notre engagement» a déclaré Frans Timmermans, vice-président de la Commission en charge de la transition énergétique.
Recul modeste des émissions
En y regardant de plus près, les émissions des industriels soumis au marché du carbone ne reculent pas tant que ça. La hausse des prix du Co2 a certes incité les électriciens à utiliser plus de gaz que de charbon, ce qui explique l’essentiel du recul des émissions de Co2. Mais pour les autres industries, le recul n’est que de 2 %. Pire, pour l’aviation, un secteur qui vient tout juste d’entrer dans le mécanisme des quotas, les émissions ont continué de grimper en 2019, démontrant l’inefficacité du dispositif. Selon l’ONG Transport et Environnement, le prix du carbone imposé aux avionneurs est si faible qu’il ne représente pas plus de 20 centimes par billet vendu.
Le recul des émissions de Co2 semble donc être plus lié à la chute des prix du gaz qu’à une quelconque politique européenne.
Des plans climat incomplets
Et surtout, les plans climat nationaux censés répondre aux objectifs européens ne remplissent pas toutes les cases. Le réseau Climate Action Network s’est ainsi penché sur plusieurs plans climat du centre de l’Union européenne. « Les outils, politiques publiques et mesures prises dans les plans climat nationaux ne parviennent pas à traiter les causes de la précarité énergétique » s’inquiètent les ONG. Ainsi, la Pologne, la Slovénie, la République tchèque, la Hongrie et la Croatie n’ont pas de définition de la précarité énergétique, et ne suivent pas le sujet. Trois de ces pays n’ont pas de tarifs réduits de l’énergie.
Les régions autrefois productrices de charbon notamment, très affectées par définition par la transition puisque l’abandon des mines de charbon a fait bondir le niveau de chômage, sont doublement affectées. En effet, elles utilisent par ailleurs du charbon pour se chauffer, à l’instar des région de l’Ustecky en République tchèque, ou encore la Silésie en Pologne. Dans cette dernière région, la précarité énergétique est renforcée par le recours aux poêles à charbon qui affectent la qualité de l’air intérieur au point de provoquer des problèmes respiratoires. Même chose en Pologne, où la précarité énergétique est un vrai enjeu.
Poêles à charbon et pollution de l’air
« Les poêles à charbon des particuliers doivent être remplacés, mais beaucoup de gens ne peuvent pas se le permettre. Ici la précarité énergétique va bien au-delà du montant des factures énergétiques » assure Wojciech Szymalski de la Fondation ISD, en Pologne.
Article réalisé en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll