La Commission européenne veut donner une dimension culturelle au plan de rénovation des édifices en Europe qui doivent devenir "plus économes", "moins coûteux", et "plus durables".
« Nous avons besoin de donner à notre changement systémique sa propre esthétique -pour combiner style et durabilité ». Un des enjeux du Pacte vert européen sera de rénover les édifices sur le Vieux continent, lesquels génèrent près de 40% des émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, Ursula von der Leyen, ne veut pas y voir un seul projet économique ou environnemental mais aussi culturel. « C'est pourquoi nous allons créer un nouveau Bauhaus européen », a insisté la présidente de la Commission Européenne, en référence à cette école d'art et d'architecture fondée en Allemagne au début des années 20. Mais, si le mouvement de Walter Gropius avait su imprimer sa marque en alliant élégance et fonctionnalité, celui auquel rêve la Commission devra, lui, signe des temps, se distinguer par la durabilité de ses matériaux et l'efficacité énergétique de ses bâtiments. « Nous savons que le secteur de la construction peut même être transformé en puits de carbone, et cesser dès lors d'être une source d'émissions, si l'on utilise des matériaux de construction organiques tels que le bois et des technologies intelligentes comme l'intelligence artificielle », a-t-elle ajouté. Ce vaste chantier, la présidente de la Commission compte le mener à bien en mettant les acteurs concernés autour de la table, via « un espace de co-création dans lequel les architectes, les artistes, les étudiants, les ingénieurs, les designers travaillent ensemble ». Pour l'heure, la forme que prendra cette association n'a pas encore été tranchée, nous explique-t-on au sein de la Commission. Elle pourrait soit se concrétiser par la mise en place d'une plate-forme dédiée aux architectes et autres concepteurs, soit s'intégrer à celle, plus large, de l'« European Climate Pact », dont la mise en place est prévue en novembre.
Convaincre les particuliers
Ces réflexions s'inscrivent dans le cadre d'une « vague de rénovation » de l'habitat (Renovation Wave en anglais) lancée par l'UE, notamment en matière d'isolation thermique des logements. Un programme qui devrait être en partie dévoilé le 14 octobre, lorsque seront explicitées les modalités du Pacte Vert. Lutte contre la précarité énergétique, amélioration de la qualité de l'air, la rénovation des bâtiments touche à de nombreux enjeux, y compris celui de l'emploi et de la reconstitution de filières industrielles et artisanales dans une Europe en pleine sinistrose. Enfin, priorité des priorités, elle reste le maillon essentiel contre le réchauffement climatique. « En termes de gains d'énergie, nous allons changer de braquet, confirme Laurent Ghekiere, directeur affaires européennes à l'Union sociale pour l'habitat, même s'il reconnaît que dans ce projet « la part des ménages est très importante, et il va falloir les convaincre d'investir dans la rénovation de leur lieu de résidence. Ce qui ne sera pas chose facile ». Sans compter qu'il faudra mobiliser des fonds publics et privés. Pour doubler le taux de rénovation, et créer des emplois, la Commission préconise pour l'heure d'investir 325 milliards d'euros annuels, dont 250 milliards dans le résidentiel et 75 dans les bâtiments publics.
Signal positif du Parlement
En dépit de l'ampleur de ce chantier, le souffle du « Bauhaus » a suscité nombre de réactions positives au sein de certaines fédérations industrielles, comme celle du solaire. De son côté, le Parlement a approuvé le 17 septembre de manière consensuelle le rapport sur la rénovation des logements. A cette occasion, les députés, venus de tous horizons, ont insisté sur la nécessité de revoir à la hausse la directive sur l'efficacité énergétique, ainsi que celle sur la performance énergétique des bâtiments, afin d'aligner la législation sur les nouvelles exigences de l'UE en matière climatique. « Nous appelons les pays membres à stimuler leurs économies locales et régionales engagées dans des programmes de rénovation, pour générer des emplois et des opportunités de formations », a détaillé le député du Green Party, Ciaran Cuffe, sur son site. Car, selon lui, le combat contre la précarité énergétique doit être au cœur de cette nouvelle « vague».
Article réalisé en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll